LA POÉSIE C'EST AUTRE CHOSE

24.09.2016 - 15h00
Grande salle Jean-Pierre Vernant
Petite conférence

sam 24 sept 2016

15h

salle Jean-Pierre Vernant

Jacques Bonnaffé est comédien et lit la poésie sur France Culture.

La poésie, c’est bien sûr autre chose que la récitation, autre chose que ce qui est « poétique ». C’est un secret du langage qui traverse toutes les langues, c’est une entrée dans la matière du monde, plus directe que les autres, et qui se transforme en chant.

« Poésie ! Ce mot là enchante et nous embarrasse. Mot trop vaste ! Et sans doute sur-employé, lui qui se considère comme exceptionnel, subtil ou intense, on peut le mettre à toutes les sauces "Ah mon vieux, ton lapin-ciboulette, quelle poésie !"... tel paysage ou tel papier-peint sont d’une grande poésie, tel parfum, tel film... on ne sait plus trop qui est le poète !  D’autre fois, c’est l’incompréhension : nous voilà face à un poème impressionnant, mais ce jour-à pour nous, totalement obscur. Faudra-t-il en plus l’apprendre par cœur, et se retrouver à réciter quelque chose qu’on ne comprend pas ? Et puis comment fait-on pour être poète, au fait ça m’intéresse...  

 

Stop, reprenons ! "Ce mot là enchante", commençons par là. La poésie nous tient dans son pouvoir d’enchantement. Depuis toujours. Définissons ensemble, sans emballement sans emphase, de manière vérifiable, tout ce qui caractérise un poème. Ce qui le distingue de la prose, (selon Monsieur Jourdain) et qui ferait qu’on y parle une langue autre que celle de tous les jours. Et qui pourtant peut y ressembler : il existe des poésies savantes et d’autres très simples. Ou limpides. On voit bien que ce qui particularise la poésie, la subtilité dont nous parlions, vient des règles et des calculs. Tous ces comptages, petites horloges introduites dans la langue, évaluant rythmes et couleurs. La rime, la métrique, les formes établies. D’ailleurs, le saviez-vous, la poésie a souvent conduit à des compétitions effrénées, des finales stupéfiantes. Et dans tous les pays ! 

 

Mais avant de parler des athlètes ou des champions, occupons-nous un peu de nous. Qu’est ce qui fait qu’au niveau le plus enfantin, la poésie nous accorde tant de plaisir ? Pour les uns, ce sera les jeux de sonorités, pour les autres les sentiments évoqués, pour d’autre encore les images et l’ouverture des mots, la multiplication des sens et des sous-entendus. La poésie transforme la complication en évidence et la contrainte en plaisir. Nous amène à entendre les mots, tiens tiens tiens ! Voilà qui nous intéresse, en petite conférence : entendre les mots? savoir un peu pour ce qu’ils attendent de nous…»

Jacques Bonnafé

 

Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu'on les aime
pour écrire un poème
on sait pas toujours ce qu'on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite chercher le thème
pour intituler le poème
mais d'autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d'extrème
un poème

Raymond Queneau


Jacques Bonnaffé

conception et programmation Gilberte Tsaï
production Compagnie l’Équipée

Petite conférence

Jacques Bonnaffé est comédien et lit la poésie sur France Culture.

La poésie, c’est bien sûr autre chose que la récitation, autre chose que ce qui est « poétique ». C’est un secret du langage qui traverse toutes les langues, c’est une entrée dans la matière du monde, plus directe que les autres, et qui se transforme en chant.

« Poésie ! Ce mot là enchante et nous embarrasse. Mot trop vaste ! Et sans doute sur-employé, lui qui se considère comme exceptionnel, subtil ou intense, on peut le mettre à toutes les sauces "Ah mon vieux, ton lapin-ciboulette, quelle poésie !"... tel paysage ou tel papier-peint sont d’une grande poésie, tel parfum, tel film... on ne sait plus trop qui est le poète !  D’autre fois, c’est l’incompréhension : nous voilà face à un poème impressionnant, mais ce jour-à pour nous, totalement obscur. Faudra-t-il en plus l’apprendre par cœur, et se retrouver à réciter quelque chose qu’on ne comprend pas ? Et puis comment fait-on pour être poète, au fait ça m’intéresse...  

 

Stop, reprenons ! "Ce mot là enchante", commençons par là. La poésie nous tient dans son pouvoir d’enchantement. Depuis toujours. Définissons ensemble, sans emballement sans emphase, de manière vérifiable, tout ce qui caractérise un poème. Ce qui le distingue de la prose, (selon Monsieur Jourdain) et qui ferait qu’on y parle une langue autre que celle de tous les jours. Et qui pourtant peut y ressembler : il existe des poésies savantes et d’autres très simples. Ou limpides. On voit bien que ce qui particularise la poésie, la subtilité dont nous parlions, vient des règles et des calculs. Tous ces comptages, petites horloges introduites dans la langue, évaluant rythmes et couleurs. La rime, la métrique, les formes établies. D’ailleurs, le saviez-vous, la poésie a souvent conduit à des compétitions effrénées, des finales stupéfiantes. Et dans tous les pays ! 

 

Mais avant de parler des athlètes ou des champions, occupons-nous un peu de nous. Qu’est ce qui fait qu’au niveau le plus enfantin, la poésie nous accorde tant de plaisir ? Pour les uns, ce sera les jeux de sonorités, pour les autres les sentiments évoqués, pour d’autre encore les images et l’ouverture des mots, la multiplication des sens et des sous-entendus. La poésie transforme la complication en évidence et la contrainte en plaisir. Nous amène à entendre les mots, tiens tiens tiens ! Voilà qui nous intéresse, en petite conférence : entendre les mots? savoir un peu pour ce qu’ils attendent de nous…»

Jacques Bonnafé

 

Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu'on les aime
pour écrire un poème
on sait pas toujours ce qu'on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite chercher le thème
pour intituler le poème
mais d'autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d'extrème
un poème

Raymond Queneau


sam 24 sept 2016

15h

salle Jean-Pierre Vernant

Jacques Bonnaffé

conception et programmation Gilberte Tsaï
production Compagnie l’Équipée